Alors quand on fait appel (rarement, même si elle a l'impression que c'est tout le temps, moi je dis, deux ou trois soirées par mois c'est rarement. Pour rappel : elle est pensionnée) à la maman de l'Indien pour un baby-sitting, je me dis toujours que si Grand-Mère du Ciel était encore là, ce serait pas pareil.
Je me dis qu'elle aurait un peu de matos de base chez elle. Un lit au moins...
Amener A. chez BM, c'est comme déménager.
Je me dis qu'elle connaîtrait les doses des biberons.
Parce que cette note à l'indélébile sur la boîte : "210ml + 7 cuillères arasées 8h 18h30 20h30" me rend malade.
Je me dis qu'elle aurait assez confiance en moi, en tant que mère, pour écouter ce que je lui dirais à propos du rythme de mon enfant.
Faut réfléchir pour demander un baby-sitting alors que tu SAIS que ça va foutre la nuit et le jour qui suit en l'air. Faut que ce soit vraiment une bonne soirée quoi.
Je me dis qu'elle laisserait pas le bordel dans ma maison.
C'est de là que vient cet article. Du fait que j'ai nettoyé DEVANT BM sa casserole de sauce bolo, que j'ai ramassé le parmesan qu'elle a dû râper direct sur le carrelage de la cuisine, qu'elle connaît pas l'usage d'un paillasson. Je ne suis pas "maniaque" : je fais les choses à fond et les entretiens pour ne pas avoir à suer ensuite inutilement.
Je me dis même qu'elle aurait sans doute fait quelques trucs pour m'aider... deux parts de bolo en plus, ça la tuerait pas...
Quand l'Indien a demandé à sa maman de prendre une manne de repassage quand je suis sortie de la mat', elle lui a dit qu'elle avait pas le temps... Pas le temps...
Je me dis qu'elle aurait nettoyé les biberons au lieu de les laisser traîner partout, à moitié vides.
Que dire de plus à ça? Quand c'est chez BM que A. passe la journée, on me remet les assiettes sales dans le sac...
Je me dis qu'elle parlerait à sa petite-fille dans un français (ou autre mangue maternelle...) syntaxiquement correct.
Je sais que je suis pas la seule à m'en plaindre... Par contre quand BM me donne des cours de linguistique, je la trouve un peu culottée quand même... Pour rappel c'est mon rayon quand même...
Je me dis qu'elle serait fière de moi au lieu d'être fière d'elle-même.
Se balader avec BM au marché de son quartier, c'est perdre un peu sa maternité...
Je me dis que parfois, elle me proposerait un relais quand les horaires de l'Indien sont vraiment trop difficiles. Juste parce que j'ai besoin d'air.
BM, jamais. UNE FOIS, je lui ai laissé A. pour ETUDIER mes examens de janvier, juste une aprèm. Elle m'a regardée comme une terroriste. Une autre fois, elle est venue à la maison parce que j'avais une gastro infernale, je voulais rester au lit entre les moments d'allaitement... Elle venait vérifier par la fenêtre que je dormais, et quand je lisais elle criait FAUT TORMIIIR!!! CHE ZUIS FENUE BOUR QUE TU TORMES!
Je me dis qu'elle traînerait pas quand on rentre à 23h, parce qu'elle comprendrait que le lendemain, je pourrais être fatiguée.
BM s'éternise... C'est plus possible, un de nous deux va craquer un jour, et j'espère que ce sera l'Indien. En plus, c'est alternativement pour : nous parler de ma BS (qui cumule ses conneries d'ados... Sa plus grande fierté c'est d'avoir été photographiée avec Miss Belgique, qui a 17 ans et trouve que "il faut savoir que les zomos c'est quand même des êtres humains, ils peuvent faire plus ou moins ce qu'ils veulent (sic)" . BM trouve ça génial.); bref, nous parler de BS, nous parler d'ex-BF en nous disant que c'est un salaud, nous parler du père de l'Indien en le critiquant (enfin, ça m'est réservé, et je me demande quand je vais péter un plomb).
Je me dis que d'ailleurs elle se permettrait jamais de critiquer devant sa petite-fille un autre membre de la famille.
Ce que l'Indien comme moi considérons comme la base des bases.
Je me dis qu'elle veillerait à mon confort (surtout quand j'ai un rdv de travail) plutôt qu'au sien.
Voilà, quand le bbsit commence le matin (pcq on bosse! MAF, oui, en projet aussi!), plutôt que de venir chez nous, on doit déposer A. chez elle. Bon, passe encore sauf qu'elle habite de l'autre côté de la ville et des embout (qu'on doit reprendre dans l'autre sens ensuite) et que vu qu'elle n'a AUCUN matos, on doit tout transporter, se garer au mieux le long de son grand boulevard, prendre trois fois l'ascenseur trop petit... Et puis elle nous fout en retard à chaque coup... Bref pour un rdv à 8h faut être à 6h40 chez elle...)
La boucle est bouclée...
Ce que je me dis surtout, c'est qu'avec ma Maman à moi, il y aurait en fait sans doute eu beaucoup, beaucoup de soucis aussi. De mésententes. De désaccords.
Que sa disparition a rendu étincelant ce qui ne l'était peut-être pas tant que ça.
Mais je SAIS qu'il y aurait eu, simplement, la possibilité de le dire.
Avec s'il-te-plaît, avec merci, avec pardon. Avec toutes ces choses qui existent déjà avec ma fille.
Ce lien-là, je ne l'ai pas.
Je me plains de tout ce que ça me fait perdre, matériellement.
C'est pour ne pas nommer tout ce que ça me fait perdre, tout court.
Ma famille à moi
(et hop, vous avez le refrain en tête)
Edit : je précise que dans ma malchance, mon père qui a été un très mauvais père (ce n'est pas un jugement, c'est le sens commun) est par contre un Papy idéal (et par rapport à moi et par rapport à A.) Sa femme également. Bon, ils habitent à 150 km, donc pour l'aide quotidienne c'est différent. Mais malgré tout, quand on va chez eux on a juste rien à prévoir. Ils téléphonent avant, prévoient, et quand on reste un peu de temps ils réservent toutes leurs soirées pour nous laisser les nôtres. Tout en demandant une liste précise de ce qu'il faut faire, dire, donner. On est priés d'y amener du linge (on n'a pas de séchoir à Bxl) et ma belledoche s'en occupe en catimini même si je crie je vais le faire derrière. L'opposé quoi, mais sans doute aussi parce qu'on est plus loin, je ne sais pas.
Ils disent "reposez-vous" ; BM dit "Je dois me reposer" (mais de quoiiiiiiii?!)