Attention, l'article qui suit peut heurter les âmes sensibles (voire ouvrir le débat).
Je ne sais pas si c'est dû à mon infertilité (annoncée de longue date), mais de manière générale les femmes enceintes ont tendance à me gaver.
(Note pour Ninie si tu passes ici entre deux têtées : pas toi, je te l'ai déjà dit, tu as été exemplaire, merci ; même de tes pieds qui allaient exploser tu ne te plaignais pas, Dieu et Allah te bénissent et bénissent ta petite Aya).
Attention, je ne parle pas des copinautes : nos blogs sont souvent (parfois exclusivement) créés pour nous permettre un espace de détente, sans tabou, réservé à notre situation. Je ne me permettrais pas par exemple de critiquer une blogueuse spécialisée en poney ; par contre dans la vie elle va vite m'emm*... à me causer concours de beauté de son petit Pégaze. Vous voyez ?
Tout comme, dans la vie, j'ai l'impression de pouvoir parler d'autre chose que de la PMA (sauf si on me questionne, auquel cas je fonce dans la brèche ; fallait pas me témoigner d'intérêt. Après tout, si je pose des questions sur le shetland à mon exemple ci-dessus, faut pas que je m'étonne si elle me fait un exposé).
Avec les femmes enceintes, on a rarement besoin de demander un exposé. Leur état semble être une évidence éthique : elles deviennent LE sujet de conversation, qu'elles aiment entretenir, et malheureusement trop souvent à mon goût pour se plaindre. Faudrait pas croire (ça ça pourrait marcher sur l'émotive que je suis) que Mesdames parlent de leurs rêves, du bonheur fantastique d'être les stars de Noël, du plaisir de ne plus porter les sacs de course ou, bêtement, des délires sur la maternité. Non, en général, elles parlent gerbe, fatigue, peur de plus faire leurs nuits, prix des poussettes.
L'autre aspect qui me dérange gravement chez la femme enceinte, c'est la pudeur qui a disparu avec sa première écho. On a droit, dans un premier temps, à l'état des poils (vous voyez, sur les blogs ça me paraît normal, moi-même je m'étale pileusement) ; puis le temps passe et il semble normal de donner son ventre à toucher au tout-venant ; et puis - misère - les infections vaginales ; enfin dans les derniers jours : l'écartement du col (comme si ça signifiait la moindre chose aux nullipares à qui elles s'adressent, le diamètre de leur col, franchement). D'où la déception profonde que j'ai ressentie devant le spectacle de Foresti, avec qui pourtant, avant, je me sentais des points communs...
Cette petite synthèse réflexive me vient après la lecture, sur la page fb de la préfète de l'école (amie avec des élèves, quand même) de ce statut :
LA GROSSESSE J'AIME BIEN MAIS LA P U B A L G I E MOINS (typographie antigougueule).
Pour la latiniste que je suis, la compréhension du mot ne posait pas des masses de souci. Mais pour être bien certaine que ses lecteurs avides de la suite des aventures de sa foufoune comprennent son statut, elle s'est même sentie obligée de préciser en commentaire de ce statut la définition du terme*. Merci, super.
Je me demande ce que mes amis penseraient si je me mettais à statuer sur fb avec des "foutue mycose" ou "Clomid m'assèche"; ou si pendant le repas de midi en salle des profs je criais ma joie d'avoir eu pour l'IAC une glaire bien filante ou le mal de gueux que l'endoécho m'a fait le matin même. D'ailleurs, même à vous ça me fait tout bizarre de le dire...
Bon allez, un de ces jours je vous raconterai l'histoire de cette nana qui allaitait à table à mon mariage, devant un ami tunisien et mon beau-frère de 55 ans. Une histoire de décentration qui se perd, encore (je signale que nous avions loué une salle permettant aux nombreuses allaitantes invitées de nourrir en -nous laissant en- paix).
*(La pubalgie est en fait un ensemble de troubles concernant tout un carrefour : le pubis, les tendons voisins, et les membranes reliant les muscles abdominaux au bassin. C’est le résultat d’un déséquilibre local entre des muscles trop puissa...nts et raides, et des zones fragiles. C'est souvent une maladie des sportifs mais aussi des femmes enceintes car le bassin se modifie. Bref pas toujours évident de marcher et concernant la douleur au pubis c'est un peu comme quand une fille roule avec un vélo de mec et qu'elle se prend la barre du milieu. Explication prise sur fb, donc)