Le sentiment dont je fais vraiment la connaissance.

Mettre un mot précis sur ce que l'on ressent est sans doute la meilleure façon de vivre ou de combattre pleinement ce que l'on vit. Sans cela, j'aurais abandonné depuis longtemps mon boulot (de prof).

Ce matin, je me suis réveillée seule (comme souvent, l'Homme bossant la nuit dans un centre pour jeunes), et j'ai fait un petit bilan.

Ce qui me cloue au lit depuis un mois, apathique, neurasthénique (dixit Chouchou), sans énergie, ce n'est pas la tristesse. Elle, elle me remue, me fait manger mon oreiller, me fait pleurer, me fait chercher le soutien.

Ce n'est pas la déception : je sais depuis longtemps que mon parcours (et maintenant celui de l'Homme) sera difficile.

Ce n'est pas l'impatience : je pourrais la combler en occupant mon temps. J'ai de quoi faire dans le Chantier.

Non. Ce qui me retient, c'est la PEUR.

Moi qui ose, qui fonce, qui prend le taureau par les cornes et aimerais devenir "organisatrice de trucs fous" ; moi qui ai pour devise que qui ne tente rien n'a rien, cette fois, j'ai peur.

D'avoir mal lors des examens. Moindre mal.

Que mon couple ne survive pas.

Que les chances que l'on nous donne au centre soit trop peu nombreuses.

Que les inséminations fonctionnent mais que notre enfant ait un problème.

Que les fécondations fonctionnent mais que les embryons ne tiennent pas.

Que l'on découvre que tout cela vient d'une maladie de l'un de nous.

De ne (plus, mais ce sera pour un autre article) pouvoir porter la vie.

D'avoir un enfant dont je ne pourrai pas gérer la différence culturelle/génétique/...

De perdre vraiment pied.

Je ne sais pas si le fait d'avoir mis un nom sur ça va m'aider à combattre.

Je suis dans ma bulle.