Ce matin, couloir de l'école...
Ma collègue C., adorable, tout petit bedon qui laisse un doute.
Je la regarde, elle sourit, je souris, elle sait que je sais, tout est dit : je peux la féliciter.
Elle me dit, très simplement : j'espère que tu me rejoindras vite.
(L'année dernière, j'ai refusé tous les voyages de mai car je pensais que nous serions en PMA... Naïve épouse...)
Je lui réponds, tout aussi simplement : mon mari a changé d'avis, il dit que c'est trop tôt... Mais j'espère te suivre de près.
C'était simple.
C'était la vraie vie, tendre et parfois triste.
Elle va avoir son troisième enfant. Je suis heureuse pour elle et triste pour moi. Deux choses différentes, en même temps.
Heureusement, il reste l'espoir... Cela m'a fait penser à cet ancien article.
J'ai retenté l'exercice.
Ce que j'écrivais il y a trois ans (trois ans! Bon sang!) (voir ici Damned God, c'est la Rentrée! )
"Un prof, ça compte en année scolaire... Mon anniversaire n'étant pas loin, elle correspond en gros à une "année de vie"...
Voilà, c'est parti : 7ème rentrée, 7ème fois que je m'énerve de ne pas connaître à l'avance mon horaire et mes classes, 7ème fois que je vais stresser (autant de fois qu'il y a de classes) les 10 premières minutes...
L'année a une odeur particulière : je sais qu'elle sera parsemée, soit d'arrivées tardives parce que le centre PMA prend toujours du retard ; soit de nausées (celles que je demande en priant et pour lesquelles je me mordrai les doigts, là)... En tous cas , ce sera une année importante.
En juin, aurai-je appris quelque chose à mes élèves? A écrire mieux? A vivre mieux? A avoir envie de vivre mieux?
En juin, serai-je un ballon nauséeux et épanoui?
En juin, en aurai-je marqué quelques-uns, voudront-ils me revoir "l'année prochaine"?
En juin, serons-nous en demande d'adoption?
En juin, recevrai-je d'un(e) élève une bouteille, une fleur, un souvenir de moments de respect mutuel ?
En juin, serons-nous impatients de connaître le sexe, les sexes?
En juin..."
Ce que je pouvais répondre en Juin 2011 :
- J'espère avoir appris quelque chose à mes élèves. Honnêtement, un peu, je crois... Sans doute pas tout ce que je voudrais. Et sans doute des choses à côté. Sans doute les plus intéressantes...
- J'étais un ballon. Absolument pas nauséeux. Très épanoui.
- J'en ai peut-être marqué quelques-uns... J'essaie de me souvenir... Je ne sais plus. Eux m'ont marquée, témoins insconscients de ce que devenait ma vie...
- Nous n'étions pas en demande d'adoption. Ce chemin-là ne sera pas le nôtre...
- J'avais reçu, c'est vrai, une bouteille de vin à Noël... Du bio Madame... C'était drôle, l'homme l'a bue je suppose.
- Nous le connaissions, le sexe. Tout était presque prêt pour une petite fille...
Et alors, cette année...
En juin, aurais-je appris quelque chose à mes élèves ? A écrire mieux ? A vivre mieux? A avoir envie de vivre mieux? A entrer de plein pied dans la vraie vie sans avoir peur de l'image qu'ils renvoient aux autres (oui, j'ai hérité de terminales techniques cette année!)
En juin, serai-je un ballon nauséeux et épanouï ?
En juin, en aurai-je marqué quelques-uns?
En juin, l'Indien pourra-t-il dire qu'il a tenu sa promesse, que nous sommes retournés à l'aventure six mois plus tôt ?
En juin, s'il a tenu cette promesse, serons-nous encore sur le quai, ou montés dans le train rapidement?
En juin - je ne peux m'empêcher d'y penser - serons-nous les heureux futurs parents d'un miracle... Et si seulement...
Mais aussi...
En juin, en quel petit animal ma fille sera-t-elle déguisée pour le spectacle de fin d'année ?
J'espère que les réponses seront aussi satisfaisantes qu'en Juin 2011.
Pour le déguisement, de toutes façons, je sais que ce sera la plus belle du lot ;-)