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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 12:57

 

Âmes sensibles et futures mamans s'abstenir.

Ne retenez que les trois dernières lignes. Je vous le PROMETS (ce n'est pas une connerie pour vous rassurer), on oublie TOUT de la douleur à l'instant I.

Malgré les difficultés, je suis prête à recommencer le même accouchement demain, sans hésitation.

 

 

 

 

Lundi 8 août, matin.

L'Indien et moi décidons de refaire notre valise, il veut « tout bien savoir ».

On tourne un peu en rond : j'ai tellement frotté cette maison qu'il ne reste plus rien à faire, qu'attendre...

 

Après-midi.

Trace de sang. Cela ne m'effraie plus : je sais de quoi il s'agit. Pour me rassurer, j'appelle la sage-femme. Elle se moque gentiment de moi et de mes prémonitions... Et je viens vous le raconter.

 

Soirée.

Rediff de l'épisode de Pékin Express qui voit l'élimination du couple belge.

Quelques blablas sur Fb... Je me prépare à inviter un vieil ami le lendemain : il ne m'a pas encore vue « grosse ». Avant de répondre à son mail, passage aux toilettes.

Quand je me lève des toilettes, à 23h, je sens comme « de l'eau du bain qui coule ».

Ma tête a des doutes, mon coeur beaucoup moins.

Comme on me l'a expliqué mille fois, je dois porter une serviette et vérifier si ça continue. J'ai une petite contraction... L'Indien y croit à moitié...

Pour bien faire bouger tout le corps, je me mets à nettoyer mes armoires de cuisine. Re-nettoyer, d'accord.

 

Nuit.

Je doute de moins en moins.

Je prends une douche.

J'envoie l'Indien promener notre Jazz pendant ce temps-là. Il a peur de me laisser. Moi non.

Nous sortons la check list de son tiroir. Calmement, nous la suivons. Je refuse de faire ce lavement : place à la nature, je la sens qui s'empare de nous.

Il est minuit.

J'ai le sourire aux lèvres, je sais que ça y est.

Bêtement, le fait d'avoir su dès le début qu'Adèle naîtrait plus tôt me conforte dans ma maternité, dans les échanges que j'ai eus avec ma fille depuis des mois.

 

1h30. Nous arrivons tranquillement à la mat. Pour ceux qui me connaissent, « tranquillement » marque le premier changement profond de cet accouchement...

Test : « on vous garde ». On se sourit. J'envoie un petit message à Parrain et Marraine, comme promis. L'Indien arrange le départ de Jazz.

 

Je suis envoyée au monito et le déclenchement est prévu deux heures plus tard, à cause du strepto. Heureusement, mon corps répondra plus vite. Très vite...

 

De petites contractions se mettent en place ; l'Indien tente de les deviner sur l'appareil et moi je m'entraîne à les sentir à arriver et, surtout, à déconner sérieux entre chacune. J'essaie de mettre en place ce que j'ai appris.

 

3h. Nous sommes envoyés en salle de naissance (travail et accouchement). Je suis rebranchée et perfusée ; cela commence à me déplaire car je ne pourrai rien utiliser de ce qui est proposé dans la chambre... Je suis clouée par des câbles en position couchée. Je garde l'espoir qu'un monito mobile se libère. Ce ne sera jamais le cas...

 

4h. Le vrai travail a commencé. Je suis « à 4cm » et la douleur prend toute la place au moment des contractions. J'en ai toutes les 2 minutes. Je suis à la lettre les conseils de Véro, je cause à cette douleur que j'ai tellement attendue pour lui dire qu'elle ne va pas gagner... Que j'ai passé des années sans elle à cause de ces OMPK mais que je la battrai encore aujourd'hui. Je pense, très sincèrement, ce n'est pas parce que vous me lisez, à toutes mes amies qui m'ont raconté leur expérience mais aussi à celles qui se battent encore ici.

 

6h. La SF de l'hôpital me conseille d'appeler Véro pour qu'elle nous rejoigne, si je veux éviter la péri... Je suis déjà à 5cm.

 

Entre 6h et 7h, la douleur gagne du terrain. Je hurle les pires choses, et surtout : « j'en ai marre ». Les contractions plafonnent, plus possible de voir leur ampleur sur le monito. Elles reprennent toutes les 30 secondes, une minute.

On me prévient : si je souhaite une péri, ce ne sera pas avant 8h, et je dois la demander de suite : les anesthésistes sont en salle d'op. Et les demandes nombreuses.

Je craque.

Je suis soulagée d'avoir franchi le pas mais regrette déjà... Véro va arriver, nous avions tellement bossé...

 

Entre 7h et 8h, je passe à 6 cm. Je crie, je pleure, j'étouffe, et surtout : j'attends...

L'équipe débarque un peu comme dans un film, sur une longue contraction qui me tord... J'éjecte l'Indien, je lui dis d'attendre Véro et de me laisser seule avec ça. Je vois qu'il souffre.

Il semblerait que la situation urge. On me fait prendre la position boule. Je ne la trouve pas si difficile que ça. Par contre, impossible de ne pas réagir quand on insère l'aiguille. J'apprendrai que c'est parce que l'anesthésiste n'a pas arrêté depuis 36 heures, il est fatigué, il pique « de travers ». Finalement, on confie à l'homme le soin de me tenir et c'est une femme qui pique. Je les trouve sévères, directifs, et en même temps on me félicite tout le temps. Je respire comme au théâtre, c'est très efficace.

La première chose que je sens après l'anesthésie, ce sont les pieds d'Adèle dans mon estomac. J'avais oublié sa présence dans la douleur. Je revis. Je souris.

 

Vers 8h30, j'entends qu'on s'agite au-dessus de ma tête. Adèle est mal placée, il faut la retourner : quatre pattes, jambe en l'air... Et je recommence à souffrir le martyre. C'est incompréhensible, je suis reliée à une pompe que l'Indien active toutes les 10minutes, je ne devrais plus avoir mal. On ne me croit pas.

La douleur reprend de plus belle, continue, lancinante.

On remarque que ma perf d'antibiotiques ne fonctionne plus : c'est très dangereux pour ma fille. La poche se remplit de sang.

Je me sens partir, j'ai chaud, envie de vomir, je pleure, je suis passée en stade « petite fille », entièrement envahie par la souffrance.

On me colle une surveillance cardiaque et un tensiomètre automatique, je n'en peux plus. En tout, 7 câbles me relient à des machines.

On veut continuer à me faire faire des exercices pour retourner Adèle, je baisse les bras. Je me sens impuissante, je ne sais plus vers où je vais.

Je demande une anesthésie générale, je refuse les touchers vaginaux, je pars ailleurs. Je pense que les endorphines jouent un rôle incroyable dans cette histoire : je suis droguée. L'équipe se pose des questions (quand même).

 

Une jeune anesthésiste prend sa garde et passe me voir.

On constate qu'en fait, la pompe à anesthésiant n'est pas branchée... Je vis donc cet accouchement sans péridurale.

On constate aussi que les poches sont mal insérées pour la perf. L'antibio ne passait plus, on voulait me repiquer...

Tout va se régler.

Enfin.

Il est 9h30.

Véro semble inquiète car je demande en permanence d'aller aux toilettes. Les SF de l'hôpital lui répondent qu'il est absolument impossible que je sois très loin... Véro insiste...

 

La dilatation est complète.

Mon bébé arrive.

Pour ne pas me paniquer, la SF de l'hosto répète sans cesse le nom d'Adèle, me demande où sont ses vêtements, m'appelle par mon prénom en me disant que je dois prendre soin de mon bébé. Je le sais. J'essaye juste de remonter à la surface.

 

10h00.

J'entends qu'on a appelé le gynéco de garde. Chance, c'est le mien... Mais ce n'est pas dans les habitudes de l'hôpital.

Il y a donc un problème. En fait, c'est l'Indien qui vit tout cela. Moi, on m'a camée en guise d'excuses (et parce qu'il était temps, et que je m'étais quand même fait 4 cm en une heure sans péri...).

Je suis juste heureuse de sentir bouger mon enfant sans hurler à la mort... Mais le coeur d'Adèle a ralenti.

 

Je dois commencer à pousser. Je ne comprends pas, tout me semble être allé tellement vite... Mais je pousse.

L'Indien me crie « on voit ses cheveux » et il paraît que je m'illumine. Je pousse comme une dératée et cinq personnes gueulent autour de mes cuisses.

Je sens sa tête qui tape, le gynéco dit « le périnée est intact » et je suis contente, je sens encore la tête mais le rythme ralentit... Son petit coeur bat à 60, elle n'en peut plus.

Un petit coup de ventouse. Le gynéco s'excuse, je demande juste si c'est dangereux.

Non.

Une poussée dans laquelle je sens sa tête, ses épaules qui glissent, on me dit de tendre les bras...

10h21, le 9 août.

 

Deux cris.

Nous sommes trois.

J'ai tout oublié du reste. Tout.

 

 

 

 

 

 

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commentaires

C
<br /> Félicitations !<br /> Que d'émotions ! J'espère que vous vous remettez bien de tout ça, et que votre nouvelle vie est magnifique.<br /> Bises à vous.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Rho oui et tu le verras ! magnifique est un tout ptit mot... Bises!<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> bienvenue Adèle!!!<br /> <br /> bon..j'ai tout lu, j'aurai ptre pas du....maintenant, plus que jamais je suis sûre de prendre la péri!!lol!! on dérouille qd même hein....bon allez...faudra que ça sorte de toute façon!!! repose<br /> toi bien et profite de ta pépette!!<br /> <br /> grosse bise!!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est la conclusion que j'ai tirée ; la pochain c'est sous péri MAIS maintenant je SAIS quand ça ne marche aps et je te jure que je me ferai entendre!!! BIses à toi!<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> Me voilà moi aussi en larmes devant mon écran.<br /> T'en as bavé, mais c'est beau. Ces trois dernières lignes, magnifique.<br /> Du coup, j'ai même pas peur........!<br /> Encore félicitations et gros bisous<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> N'aie surtout pas peur, vraiment! De toutes façons, ce que j'ai oublié de dire, c'est que le temps passe très très très très vite, c'est hallucinant! Là ça a l'air long mais ça nous a semblé<br /> passer en deux minutes!<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> oui, on oublie tout - c'est vrai..<br /> et je sais de quoi je parle, pour être passée de 2 à dilatation complète en 1/2h et sans péri...<br /> mais bon, on peut quand même dire qu'ils ont bien merdé dans cette maternité et que c'est pas cool pour garder un bon souvenir d'un jour si important....<br /> heureusement, tout est bien qui finit bien.<br /> gros bisous<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ah oui quand même, de quoi j'me plains moi... Mais finalement quand on regarde sa bouille, on oublie tout très vite! Bises<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> ben j'ai tout lu, même pas peur lol !! ah lala quel récit, très émouvant et admirable puisque finalement tu t'es tout tapée sans péri on peut dire... heureuse que vous alliez bien, et surtout<br /> félicitations !! je suis très heureuse pour vous 3... et je me dis : à moi maintenant ;-)... Gros Bisous<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est comique, si je me souviens, c'est aussi ce que tu as dit au test + en décembre... et surtout n'aie pas peur! Franchement ce n'est pas du tout le sentiment qui m'a dominée... T'embrasse, t(y<br /> voilà maintenant!<br /> <br /> <br /> <br />

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