(* lieu de pélerinage belge)

En pélerinage moi-même de l'autre côté de mon plat pays, pour aller-chercher-des-clefs-pour-l-enterrement-de-vie-de-jeune-fille-d-une-amie, je me suis retrouvée assise à prendre le café avec sa maman.

Adorable, soit dit en passant.

Mais... Le coup de "j'ai prié pour vous à Beauraing", même si on fait feu de tout bois, et que c'est l'intention qui compte, et que l'intention est vraiment gentille, m'a laissée sur le cul.

Même si on a décidé de le dire ouvertement, on aime choisir à qui.

Même si on sait aussi que forcément les gens en parlent, on se dit que les gens à qui ils en ont parlé feraient bien de ne pas faire confident-confident avec nous.

P***, B***, M***, c'est de reproduction qu'on cause !

Bon, c'est vrai, je suis de mauvaise humeur.

Comme le dit M'dame Ménard (Un air de famille) :

Mauvaise Humeur, Mauvaise Foi...

N'empêche : heureusement qu'on ne l'a pas dit à NOTRE famille...

Youpie!

Vingt jours après ça : L'Examen , j'ai ENFIN les résultats!

Et j'ai pas de cancer!

Et j'ai les trompes comme des autoroutes!

Et surtout...

paraît qu'il faut TPer à tout va, parce qu'après les hystéros, c'est aquaplanage pour les spermatos!

(Et bon, comme on sait jamais quand / si j'ovule, faudrait quand même pas rater le coche ;))

... et qu'on a envie de secouer sous le nez de tous les "bien intentionnés" :

L'infertilité, ce n'est pas dans la tête

L’humain n’aime pas ce qui reste inexpliqué, surtout en matière médicale. Ainsi, tout mystère amène inéluctablement son lot de théories magiques pour reprendre la (pseudo)maîtrise sur notre ignorance. Parmi la multitude de problèmes à résoudre, l’infertilité est loin d’être un détail.

Autrefois, on conseillait aux femmes réputées coupables de stérilité (toujours elles, les pauvres) de masser le sexe d’un gisant : jusque-là, elles s’en tiraient à bon compte. Aujourd’hui, on leur dit: "C’est dans la tête, tu y penses trop." Et on les amène en psychothérapie. Le mythe de la stérilité d’origine psychologique s’est répandu dans les sixties et les seventies.

Étonnamment, malgré l’augmentation des découvertes physiopathologiques relatives à la fertilité, l’indécrottable misogynie ambiante continue plus que jamais d’attribuer la responsabilité à la femme ambivalente, nerveuse, looser et affublée d’autres tares encore. Comme si la tristesse et l’inquiétude de ne pouvoir concevoir ne lui suffisaient pas, on lui met sur le dos la cause et la culpabilité du malheur. Surtout lorsque la raison médicale n’affleure pas suffisamment, on parle sans vergogne de "blocage" venu par Dieu sait quelle poussière d’étoile.

À la base, il y eut ce constat d’irrégularités menstruelles et de cycles anovulatoires chez certaines femmes touchées par un deuil ou anorexiques. Peu de choses. Et surtout pas de quoi déclarer la femme bloquée ou inconsciemment en refus d’enfant. Les études scientifiques se sont accumulées depuis des années pour affirmer que les théories "psychogènes" de l’infertilité sont abusives. Et pour rappeler que même si la femme - voire éventuellement l’homme - en situation de stress exceptionnel développe un état hormonal défavorable à la conception, ce n’est nullement assimilable à une hésitation à devenir parent.

Bien sûr, des souffrances psychologiques émergent à l’occasion d’une longue durée d’infertilité. Bien sûr, l’apparition d’une grossesse peut ressembler à une solution de la crispation psychologique ("lorsque je n’y pensais plus"), et parfois même le lien explicatif est créé par les couples concernés… Mais, en aucun cas, on ne peut en déduire une "théorie psychologique" valable a priori pour tous. Les personnes infertiles ont besoin de solidarité et de compréhension. Pas d’une explication "psychotouristique", d’une interprétation clé sur porte à deux sous, destructive, prenant pour la cause ce qui est en réalité l’effet de l’infertilité: le désarroi.

Luc Roegiers

L'article sur le net

Rhooooo, que ça fait du bien.

Suite à L'Examen qui a changé ma vision de la PMA , je me suis rendue (sous la pression bienvenue de l'Homme) au "Dispensaire" (entendez : service d'urgences) du département de gynéco.

Sommes-nous des animaux (dysfonctionnants)?

Je n'ai pas manqué de rappeler à la gentille dame de l'accueil (c'est pas sa faute et elle en prend plein la tronche pour de jeunes médécins qui se fichent comme de l'an quarante de leur plage "urgences") que j'étais là parce qu'un médecin m'avait (soyons francs) ratée.

Je n'étais déjà pas de franche bonne humeur en entendant la petite dame bourgeoise devant moi préciser que "le Docteur Truc" (rho que j'ai envie de citer son nom) lui avait demandé de s'insérer dans les urgences pour la pose de son stérilet.

Je l'étais encore moins quand j'ai entendu la secrétaire lui demander son numéro de portable "pour vous prévenir quand ce sera votre tour car vous n'allez pas attendre deux heures". Moi, on ne m'a rien demandé. Pourtant, je ne me suis pas imposée dans les urgences, hein, j'étais même gênée de venir "parce que les saignements ne sont pas si dramatiques tu sais Chouchou".

Je commençais à bouillir quand la gyné de garde (un truc de 25 ans, jeans déchiré, chewing-gum en bouche - bref, ce que je me tue à interdire à mes élèves parce que "dans la vie active on ne vous respectera pas") s'est pointée avec une heure trente de retard. Ca arrive, bien sûr que ça arrive, mais alors en général on ne se contente pas de

Rien. Pas un traître mot d'excuse aux femmes pliées en deux dans la salle d'attente.

J'ai patienté (du latin "souffrir") pendant encore deux heures devant son cabinet.

Je ne l'ai pas étranglée quand elle a dit "vos ovaires sont gros hein" (ouvre mon dossier, ils sont énormes mes ovaires, ça fait 15 ans qu'ils se dopent aux kystes).

Je ne lui ai pas cassé la gueule quand elle m'a dit "Oh oui on en a entendu parler de cette hystéro".

J'ai donné calmement les 25 € servant à payer quatre heures (au total) d'attente et le commentaire "oui, on vous a blessée", le "on" ayant un nom précis qu'"on" n'a pas prononcé.

Et puis je suis sortie de là, je me suis écroulée et j'ai demandé un rendez-vous psy.

J'espère y apprendre à crier fort.

Note pour les lectrices :

âmes sensibles s'abstenir ET il paraît que ce type de réaction n'arrive jamais.

J'ai l'habitude....

Alors, ce matin 9h30, je devais passer une hystérosalpingographie (Comment épater le Monde Fertile avec des termes intelligents : la PMA rend malin).

Docteur Miracle m'ayant prévenue que ça risquait de faire mal, je m'étais blindée au Busco, avais pris mon chéri sous le bras et me préparais donc à du pas gai.

C'est un euphémisme.

J'ai bien cru que j'allais crever.

Mes dents de sagesse, à côté, c'était une piqûre de mouche pas en forme.

Je vous passe les détails scientifiques (les gynécos les connaissent mieux que moi) et la cerise sur le gateau : la blouse bleue ouverte derrière qui ne cache rien du tout (ça, les gynécos ne savent pas).

Je ne m'apesantis pas (trop) sur les effets immédiats : imaginez une semaine de douleurs de règles concentrée sur 5minutes avec interdiciton de bouger d'un millipoil (Sinon on recommence hein Madame).

Mais la suite... Dès que je me suis relevée, j'ai senti que le monde réel partait en sucette. C'est normal si le plafond bouge, Doc? Heu, je vais aller chercher Monsieur...

Alors, mon Monsieur, pour nos 6 mois de mariage, a, dans l'ordre :

-relevé mes jambes avant l'évanouissement.

-fait des pieds et des mains pour recevoir au moins un sucre siouplé

-fermé 600 fois la porte (qui donnait sur la salle d'attente) afin que les Hommes ne découvrent pas mon "Origine du Monde sous chemise bleue" sous tous les angles et que les femmes ne partent pas en courant et en criant "Tant pis j'adopte" (c'est pour la fiction hein, personne n'a pensé à fermer cette porte, en PMA il n'y a pas de dignité)

- porté sa jeune épouse dans ses bras sur le seuil des toilettes où je suis allée 50 fois (Je vais vomir. Je dois... Oui, je vous passe ça, mais ça aussi)

- essuyé mon front perlant de sueurs froides (drôle d'impression, les sueurs froides)

- conduit calmement (c'est un exploit) pour me ramener dans ma Home Sweet Home

- accepté de tourner 6 fois dans le rond-point parce que ça me faisait du bien (Si, si, si)

J'en ai profité pour glisser que des bonbons me feraient du bien. Ben quoi.

Et au retour, même si le résultat de cet examen est visiblement positif (réponse définitive le 26 août), j'ai vraiment compris que je faisais trop de mal à mon corps.

Lui et moi, on va se poser un peu.

Je voulais lui imposer un tas de médocs pour provoquer le Retour des Règles, mais je vais lui fiche la paix un petit temps.

Lui donner de la gelée royale et du gattilier.

Lui donner du plaisir à dates et positions pas fixes.

Le laisser avoir la température qu'il veut sans l'engueuler.

Et, je le lui jure, ne plus le coucher sur des tables pour des examens insupportables et dire non pour lui si Ces Gens en Blanc ne le respectent pas.

Après tout, c'est lui qui portera bébé (inside or outside)...

Petite note, 3 jours plus tard, encore couchée...

Seules 5% de femmes ont ce genre de réaction.

On note de rares cas de saignements prolongés.

(source : un hosto suisse. C'est un plaisir de faire partie d'une minorité. J'espère que ça en rassurera... Dieu sait que j'ai râlé de trouver des témoignages dramatisants sur la toile.)

Petite remarque non négligeable (les hostos suisses sont plus prudents... Suivez leurs conseils...) :

Il est absolument nécessaire de prévenir le radiologue en cas d'allergies.

Et si le radiologue ne prévient pas qu'il faut le prévenir?

Suite au prochain épisode.