Didjosse, dit-on ici, je ne suis pas fière.
Tout a commencé hier dans le Grand Magasin A Bébés (en français, Pays du Rêve, je ne sais pas s'ils s'exportent) où nous sommes allés déposer notre Liste de Naissance.
Bon, le concept est assez chouette : tu te balades, tu te disputes avec l'Indien qui, directement, attaque sur "on reviendra" (non, on reviendra pas, parce que quatre heures ici dans quelques semaines je ne vais plus tout à fait bien gérer. Mes pattes d'éléphant non plus), puis tu tentes de t'expliquer en pseudo-flamand avec la responsable.
Bon je vous épargne (ou pas) notre querelle linguistique qui commence à prendre des proportions hallucinantes ; mais je vous résume quand même : j'habite la CAPITALE, je me rends dans un magasin de ladite CAPITALE, censée être trilingue (hé oui, merde à la fin, on a aussi des germanophones et c'est encore moins prévu pour eux tout ça). Je veux bien faire un effort de langue : "Goeiedag mevrouw spreekt u Frans alsjeblieft, we komen voor een geboortelijst", mais à partir de là quand même, j'aime bien savoir ce que j'achète et donc qu'on puisse me répondre dans ma langue (qui, quand même je le rappelle, est une des langues nationales. La prochaine fois je parle en Wallon, après tout notre entourage on l'espère va claquer l'équivalent de notre prime de naissance dans leur grande surface à rêves).
Bref.
Je reviens sur le "assez chouette" : avec l'Indien qui finalement a cédé sous le regard presque larmoyant (j'ai les hormones au top là, vous allez voir), vous remplissez une charrette avec tout ce dont vous rêvez. Après tout, on s'en fout, on ne paiera pas, c'est pour la liste.
On remet la charrette à une AUTRE Madame (bilingue, celle-là) qui encode et range tout, et on part sans payer.
Ce qui va vite : les jouets éducatifs en tous genres. L'Indien sait déjà jouer Manon des sources avec les pattes musicales d'une araignée de mer en mousse, c'est formidable, notre pisseuse ça va être Mozart. Ca va aussi être une super bricoleuse grâce à nos outils en mousse (maman au foyer MAIS maman féministe) ; une super liseuse grâce à un tas de livres - pour le bain pour le parc pour le lit pour la voiture, pour TOUT. Et enfin, on risque bien fort de fabriquer une demi dingue vu qu'on n'a choisi que des doudous et autres machinous avec problème (oeil en moins, tête facile à décapiter, grimace).
Ce qui va moins vite : tout ce qui demande un aménagement de votre intérieur : parc (trop grand, trop petit, trop moyen) ; baignoire (trop grande, trop chère pour ce que c'est, trop elle-ne-fera-qu-un-temps) ; mais aussi choix des couleurs de la chambre (et donc de tout ce qui va s'assortir).
Choix du porte-bébé, qu'il faut essayer : l'Indien se pose essentiellement la question de la facilité avec laquelle il pourra promener le chien ET sa fille (pas le chien dans le porte-bébé; mais on y était presque) ; moi plutôt du confort de mon dos (parce que ce seront les courses que je ferai avec ce machin). LA question irgolote quand même de l'Indien : mais tu ne pourras jamais mettre TOUS TES SEINS en dessous de ça? (Heu ben je n'en sais rien, d'autant que je risque d'en avoir encore une bonne paire de plus d'ici là).
Le choix des trucs de voyage est aussi très sympa : le lit, le sac... Avec FuturPapa qui laisse tout choisir à Futur Maman jusqu'à ce que sorte un fatidique : réfléchis un peu, je te signale que toi aussi parfois tu vas te balader avec ce sac en ville (toujours la féminista qui revient). Bilan : notre sac à langer ressemble à une mallette pour ordinateur portable.
CE QUI VA TRES TRES TRES LENTEMENT ET RISQUE DE FOUTRE A TERRE VOTRE BEL ENTHOUSIASME DU DEUXIEME TRIMESTRE : le MATOS DE PUERICULTURE. Je pleure depuis hier.
Parce que NON, je ne sais absolument pas quelle grandeur de biberon je dois choisir, quelle tétine sera adaptée, s'il faut prendre un stérilisateur-mixeur ou un stérilisateur à microondes, si un thermomètre frontal c'est mieux qu'un auriculaire, pourquoi on fabrique des stérilisateurs pour 5 biberons alors qu'ils restent stériles 30min, si le micro-ondes va tuer ma bébine et qu'il me faut prendre un chauffe-biberon ; si toute cette réflexion sert à quelque chose alors que je voudrais allaiter, ce que les mamans qui vont allaiter doivent acheter de spécial (putain de putain mais c'est quoi cette histoire de coupelle à lait?!), quelle foutue taille de soutien je vais bien pouvoir acheter (deux tailles de plus mais par rapport à QUOI?)... Argheu.
(Remarquez que la stérilisation m'obsède, Lacan au secours).
Je ne sais pas non plus dans quel sens ça doit dormir un bébé, enfin j'ai lu sur le dos mais ils vendent plein de choses pour les mettre sur le côté...ET puis ça me rend dingue que l'Indien veuille un babyphone longue portée pour "sortir le chien quand elle dort" (résultat, je ne sotirai plus jamais tellement j'ai peur de confier cet enfant à son père).
Et ces questions, qui me hantaient déjà dans le magasin (mais j'ai même pas pleuré je suis trop grande) me sont retombées violemment dessus de retour à la maison.
Les faits : Je me suis rendu compte que j'avais réservé des pots pour garder mon lait (conseillé) et aussi des tétines à adapter dessus (bieeeeen, la bonne marque et tout), mais que j'avais pas regardé s'il fallait un adaptateur pour mettre la seconde sur le premier.
Vous allez me dire et vous aurez raison, que j'ai encore des mois pour améliorer ma liste.
Que je vais apprendre.
Que cette histoire de tétines c'est vraiment con.
Oui, et bé j'ai pleuré toute la soirée et encore aujourd'hui, ça va moyen.
L'Indien, adorable, m'a endormie sur un "Mais tu vas être une bonne mère, ça se voit, tu fais déjà tout bien"... ça m'a consolée de me dire qu'il était gentil, mais je suis toujours en proie à cette interrogation de fond :
COMMENT JE VAIS FAIRE???
(Pas la peine de m'expliquer, je ne vous croirai pas, la question est rhétorique. Je n'y arriverai jamais).