Depuis toujours, j'écris.
Je fais tenir un peu de résistance au drame dans la ponctuation rare de mes textes ; je me jette à corps perdu sur des feuilles blanches ; quand elles sont pleines, une étape de deuil est souvent franchie.
J'ai même, il y a quelques années, quitté mon métier pour me consacrer à l'écriture... Et puis j'ai rencontré l'Homme, et cette rencontre a tout foutu en l'air. Et tant mieux. J'ai préféré la Vie, l'amour, le réel.
Avec l'infertilité, je n'ai pas su.
J'ai tenu ce blog, dans lequel je me suis beaucoup exprimée, mais que je n'ai pas travaillé à la manière du publiable.
J'avais besoin de dire, mais je ne pouvais me résoudre à rendre cette expérience "esthétique".
Aujourd'hui, avec ce bonheur dans le ventre, ce géant de 5 millimètres, ce cordon ombilical qui s'installe cette semaine, je peux encore moins.
Regardez, j'essaie, mais tout cela n'a de sens que parce que ça est ; cela n'en trouve pas plus parce que je le nomme ou le poétise.
Autre chose : ma vérité, exprimée ici, au coeur de ce "groupe" dont je fais partie et qui souvent m'a relevée, me paraît indécente.
Comment vous dire que j'ai peur, alors que je connais vos peurs, que rien ne peut y répondre ?
Comment vous dire que je suis fatiguée, alors que je sais l'épuisement procuré par l'infertilité, ses traitements ?
Comment vous dire que je suis impatiente, que 10 jours sont un monde, quand je sais l'éternité que peuvent être quatorze?
Comment vous dire à quel point je suis heureuse ; puisque comme je l'ai ressenti si longtemps, vous vous demandez quand enfin vous pourrez l'être ?
J'ai partagé tellement de tristesse avec vous ; je me sens proche de tant d'entre vous même si je ne vous ai pas rencontrées... Je l'avoue, j'ai souvent envie de venir "vous dire". Mais avec des amies PMA "de la vraie vie" (notez, je n'ai pas d'amie pma de la vraie vie), je saurais qu'il vaut mieux me taire. Alors je me tais...
/fdata%2F3994805%2Favatar-blog-1176627691-tmpphpLkuXnX.jpeg){kind=avatar}